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assez bien à l’étude de la royauté, que nous avons classée parmi les bons gouvernements. La cité ou l’État bien constitué doit-il ou ne doit-il pas, dans son intérêt, être régi par un roi ? N’existe-t-il point de gouvernement préférable à celui-là, qui, s’il est utile à quelques peuples, peut ne pas l’être à bien d’autres ? Telles sont les questions que nous avons à examiner. Mais recherchons d’abord si la royauté est simple, ou si elle ne se divise pas en plusieurs espèces différentes.

§ 2. Il est bien aisé de reconnaître qu’elle est multiple, et que ses attributions ne sont pas identiques dans tous les États. Ainsi, la royauté dans le gouvernement de Sparte, paraît être celle qui est la plus légale ; mais elle n’est pas maîtresse absolue. Le roi dispose souverainement de deux choses seulement : des affaires militaires, qu’il dirige quand il est hors du territoire national, et des affaires religieuses. La royauté ainsi comprise n’est vraiment qu’un généralat inamovible, investi de pouvoirs suprêmes. Elle n’a point le droit de vie et de mort, si ce n’est dans un seul cas, réservé aussi chez les anciens : dans les expéditions militaires, dans la chaleur du combat. C’est Homère qui nous l’apprend. Agamemnon, quand on délibère, se laisse patiemment insulter ; mais quand on marche à l’ennemi, son pouvoir va jusqu’au droit de mort, et il peut s’écrier : « Celui qu’alors je trouve auprès de nos vaisseaux, je