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les individus libres et les citoyens qui possèdent le cens légal, sont les membres de l’État ; et il n’y aurait point d’État si tous étaient pauvres, non plus que si tous étaient esclaves.

§ 6. Mais à ces premiers éléments, il en faut joindre évidemment aussi deux autres : la justice et la valeur guerrière, dont l’État ne peut pas davantage se passer ; car si les uns sont indispensables à son existence, les autres le sont à sa prospérité. Tous ces éléments, ou du moins la plupart, peuvent se disputer à bon droit l’honneur de constituer l’existence de la cité ; mais c’est surtout, je le répète, comme je l’ai dit plus haut, à la science et à la vertu de s’attribuer son bonheur.

§ 7. De plus, comme l’égalité et l’inégalité complètes sont injustes entre des individus qui ne sont égaux ou inégaux entre eux que sur un seul point, tous les gouvernements où l’égalité et l’inégalité sont établies sur des bases de ce genre, sont nécessairement corrompus. Nous avons dit aussi plus haut que tous les citoyens ont raison de se croire des droits, mais que tous ont tort de se croire des droits absolus : les riches, parce qu’ils possèdent une plus large part du territoire commun de la cité et qu’ils ont ordinairement plus de crédit dans les transactions commerciales ; les nobles et les hommes libres, classes fort voisines l’une de