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a qu’une autorité qui s’exerce à l’égard d’êtres libres et égaux par la naissance. C’est donc là l’autorité politique à laquelle le futur magistrat doit se former en obéissant d’abord lui-même, de même qu’on apprend à commander un corps de cavalerie, en étant simple cavalier ; à être général, en exécutant les ordres d’un général ; à conduire une phalange, un bataillon, en servant comme soldat dans l’une et dans l’autre. C’est donc dans ce sens qu’il est juste de soutenir que la seule et véritable école du commandement, c’est l’obéissance.

§ 10. Il n’en est pas moins certain que le mérite de l’autorité et celui de la soumission sont fort divers, bien que le bon citoyen doive réunir en lui la science et la force de l’obéissance et du commandement, et que sa vertu consiste précisément à connaître ces deux faces opposées du pouvoir qui s’applique aux êtres libres. Elles doivent être connues aussi de l’homme de bien ; et si la sagesse et l’équité du commandement sont tout autres que la sagesse et l’équité de l’obéis-’sance, puisque le citoyen reste libre même lorsqu’il obéit, les vertus du citoyen, et, par exemple, sa sagesse, ne sauraient être constamment les mêmes ; elles doivent varier d’espèce selon qu’il obéit ou qu’il commande. C’est ainsi que le courage et la sagesse diffèrent complètement pour la femme et pour l’homme. Un homme paraîtrait lâche, s’il n’était brave que comme l’est une femme brave ; une femme semblerait bavarde, si elle n’était réservée qu’autant que doit l’être l’