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re de toutes les magistratures, celle des Cent ; leur accorder un exercice plus long qu’à toutes les autres fonctions, puisque, sortis de charge, ou simples candidats, les Pentarques sont toujours aussi puissants, ce sont là des institutions oligarchiques. C’est, d’autre part, un établissement aristocratique que celui de fonctions gratuites non désignées par le sort ; et je retrouve la même tendance dans quelques autres institutions, comme celle déjuges qui prononcent sur toute espèce de causes, sans avoir, comme à Lacédémone, des attributions spéciales. § 5. Si le gouvernement de Carthage dégénère surtout de l’aristocratie à l’oligarchie, il faut en voir la cause dans une opinion qui paraît y être assez généralement reçue : on y est persuadé que les fonctions publiques doivent être confiées non pas seulement aux gens distingués, mais aussi à la richesse, et qu’un citoyen pauvre ne peut quitter ses affaires et gérer avec probité celles de l’Etat. Si donc choisir d’après la richesse est un principe oligarchique, et choisir d’après le mérite un principe aristocratique, le gouvernement de Carthage formerait une troisième combinaison, puisqu’on y tient compte à la fois de ces deux conditions, surtout dans l’élection des magistrats suprêmes, celle des rois et des généraux. § 6. Cette altération du principe aristocratique est un faute qu’on doit faire remonter jusqu’au • législateur lui-même ; un de ses premiers soins doit être, dès l’origine, d’assurer du loisir aux citoyens les plus distingués, et de faire en