476 MORALE A NICOMAQUE.
ils ne deviendraient pas des homuies d'État plus ha- biles à bien gouverner par la longue habitude du gou- vernement. Ainsi donc, quand on veut s'instruire dans la science politique , on a besoin , ce semble , d'y joindre la pratique à la théorie. § 20. Mais les So- phistes, qui font tant de bruit de leur prétendue science, sont fort loin d'enseigner la politique ; ils ne savent pré- cisément, ni ce qu'elle est, ni ce dont elle s'occupe. S'ils s'en rendaient bien compte, ils ne l'auraient pas con- fondue avec la rhétorique, ni surtout ravalée même au- dessous. Ils ne pourraient pas croire davantage qu'il fût aisé de faire un bon code de lois en rassemblant toutes celles qui ont le plus de renommée, et en faisant un choix des meilleures. On dirait, à les entendre, que le choix n'est pas lui-même un acte de haute intelligence ; et que, bien juger n'est pas ici le point capital, tout comme dans la musique. En chaque genre, les gens d'expérience spéciale sont les seuls qui jugent parfaite- ment les choses, et qui comprennent par quels moyens et comment on arrive à les produire, comme ils en savent aussi les combinaisons et les harmonies secrètes. Quant aux gens qui n'ont pas cette expérience personnelle, ils doivent se contenter de ne pas ignorer si l'ouvrage est en gros bon ou mauvais, comme pour la peinture.
��§ 19. La pratique a La tlicoric. Il mécanisme politique de quelques- est bien peu d'hommes d'Élat, mèuie uns des gouvernements de son temps, de nos jours, qui aient su réunir ces — Un bon code de lois. Je ne sais à deux conilitions. qui s'adresse cette critique. — Les
§ 20. S'ils s'en voulaient bien seuls qui jugent parfaitement. C'est
comp/e. Il faut se rappeler que par ses le proverbe latin : « Crcdcndum est
relations avec Philippe et Alexandre, cuique in suâarlcpcrito.» C'estlebon
Aristole avait vu d'assez près le sens qui le dicte.
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