472 MORALE A NICOMAQUE.
Dans la plupart des autres États, on a négligé ce point essentiel ; et chacun y vit comme il l'entend, <( Gouver- nant sa femme et ses enfants », à la façon des Cyclopes. § là. Le mieux serait que le système de l'éducation fût public, en même temps que sagement conçu et qu'on se trouvât soi-même en mesure de l'appliquer. Partout où ce soin commun est négligé, chaque citoyen doit se faire un devoir personnel de pousser à la vertu ses enfants et ses amis; ou du moins, il doit en avoir la ferme intention. Le vrai moyen de se mettre en état de remplir ce devoir, c'est, d'après ce que je viens de dire, de se faire législa- teur soi-même. Quand le soin de l'éducation est public et commun, ce sont évidemment les lois seules qui peuvent y pourvoir ; et l'éducation est ce qu'elle doit être, lors- qu'elle est réglée par de bonnes lois, que ces lois d'ailleurs soient écrites ou ne le soient pas. Il importe également fort peu qu'elles statuent sur l'éducation d'un seul indi- vidu ou celle de plusieurs, pas plus qu'on ne fait cette distinction pour la musique, pour la gymnastique, ou pour toutes les autres études auxquelles on applique les enfants. Mais si, dans les Etats, ce sont les institutions légales et les moeurs qui ont ce pouvoir, ce sont dans le sein des familles les paroles et les mœurs des pères qui doivent l'exercer. Et même leur autorité doit y être plus
��ch. 1, p. 264. — Gouvernant sa voirs à remplir envers eux. Ils ne
femme. Aristole doune celle même peuvent jamais rejeter sur l'État
citalion plus complète dans la Poli- qu'une trî's-faib'e part de la res-
tique, livre I, ch. 1, p. 9, id, ibid. ponsabililé que la nature leur
§ ilx. Où ce soin commun est ne- impose. — Les lois seules. C'est
^/i(7e. Même dans les États où l'édu- trop dire; ce qui est vrai, c'est
cation des enfants est publiqiie, les qu'alors les lois prennent une part
parents ont toujours de g;r4nds de- considérable à l'éducation des ci-
�� �