plus précieux au monde. Mais il est tout simple que, de même que les lioumies faits et les enfants donnent leur estime à des choses fort différentes, de même aussi les méchants et les bons donnent la leur à des choses tout opposées. § 5. Je le répète, quoique je l’aie dit bien souvent déjà, les choses vraiment belles et aimables sont les choses qui ont ce caractère aux yeux de l’homme vertueux ; et comme pour chaque individu l’acte qui obtient sa préférence est celui qui est conforme à sa propre manière d’être, pour l’homme vertueux c’est l’acte conforme à la vertu.
g 6. Le bonheur ne consiste donc pas dans l’amusement ; il serait absurde que l’amusement fût le but de la vie ; il serait absurde de travailler durant toute sa vie et de souffrir rien qu’en vue de s’amuser. On peut dire, en effet, de toutes les choses du monde, qu’on ne les désire jamais que pour une autre chose , excepté toutefois le bonheur ; car c’est lui qui est le but. Mais s’appliquer et se donner de la peine, encore une fois, uniquement pour arriver à se divertir, cela paraît aussi par trop insensé et par trop puéril. Selon Anacharsis, il faut s’amuser pour s’ap-
Observation très-vraie, dont il est possible de faire de fréquentes applications.
§ 5. Quoique je l’aie dit bien souvent. D’abord à la fin du chapitre précédent ; puis livre 1, ch. 2, et livre III, ch. 5, sans parler de la Politique, et de quelques autres ouvrages.
§ 6, Le bonheur... dans l’amusement. Idée très-simple, et très-souvent méconnue malgré toute sa vérité. — L’ amusement fut le but de la vie. C’est cependant ce que croient bien des gens à leur grand dommage. Voir la Politique, livre IV, ch. 1, § 2, p. 19fi et suiv. de ma trad., 2* édit. — C’est lui qui est le but. C’est la vertu qui est le but de la vie et non point le bonheur ; il est vrai qu’Aristote a presqu’identifié le bonheur et la vertu ; mais la confusion n’en est pas moins facheuse. — Selon Anacharsis. Compté parmi les sages de la Grece, tout étranger