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comme pour les animaux, d’être parqué simplement dans un même pâturage. Si donc l’être est en soi une chose désirable pour l’homme fortuné, parce que l’être est bon par nature et en outre agréable, il s’ensuit que l’être de notre ami est bien à peu près dans le même cas ; c’est-à-dire que l’ami est évidemment un bien qu’on doit désirer. Or, ce qu’on désire pour soi, il faut arriver à le posséder réellement; ou autrement, le bonheur sur ce point serait incomplet. Donc en résumé, l’homme, pour être absolument heureux, doit posséder de vertueux amis.


CHAPITRE X.


Du nombre des amis. Pour les amis par intérêt, il en faut peu ; car on ne saurait rendre service à tous ; pour les amis de plaisir, un petit nombre suffit ; pour les amis par vertu, il n’en faut avoir qu’autant qu’on en peut aimer intimement ; le nombre en est fort restreint, — L’amour, qui est l’excès de l’affection, m; s’adresse qu’à un seul être. — Les amitiés illustres ne sont jamais qu’à deux ; mais on peut aimer un grand nombre de ses concitoyens.

1. Faut-il donc se faire le plus grand nombre d’amis qu’on peut? Ou bien, comme on semble l’avoir dit avec tant de bon sens pour l’hospitalité :

« Ni d’hôtes trop nombreux, ni l’absence des hôtes »,

(II. -V. (ir. Morale, livre II, ch. § 1. DU oirc tant de bon sens.

Ij et i8; Morale à Eudème, livre (Tesl Hésiode, de qui est ce vers, MI, ch. 12. les Œuvres et les Jours, vers 33Ô.