Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/920

Cette page n’a pas encore été corrigée

398 MORALE A NICOMAQUE.

§ 2. Mais on répond : les faits contredisent toutes ces théories sur l'égoïsme, et ce n'est pas difficile à com- prendre. Ainsi, l'on accorde qu'on doit surtout aimer celui qui est votre meilleur ami, et que le meilleur ami est celui qui veut le plus sincèrement le bien de son ami pour cet ami même , quand d'ailleurs personne au monde ne devrait le savoir. Or, ce sont là très-particulièrement les conditions qu'on remplit vis-à-vis de soi-même, ainsi qu'on remplit aussi sous ce rapport toutes les autres con- ditions par lesquelles on définit habituellement le véri- table ami. Car nous avons établi que tous les sentiments d'amitié partent d'abord de l'individu également pour se répandre de là sur les autres. Les proverbes mêmes sont tous ici d'accord avec nous. Je puis en citer de tels que ceux-ci : «Une seule âme ; — entre amis tout est commun; — l'amitié, c'est l'égalité; — le genou est plus près que la jambe.» Mais toutes ces expressions expriment surtout les rapports de l'individu à lui-même. Ainsi donc, l'individu est son propre ami plus étroitement que qui que ce soit ; et c'est lui-même surtout qu'il devrait aimer.

De ces deux solutions diverses, on demande non sans

��mour et la piati([uc du bie». Le Tindividu puisse d'abord s'aimer et

principe que pose Aristote lui-même, s'eslimer lui-même, pour pouvoir

va beaucoup plus loin. aimer les autres. — Les proverbes.

§ 2. Mais on repond. Ce qui suit Aristote attache en général beaucoup

est une objection qu'Aristole réfu- d'importance aux proverbes; il se

tcra un peu plus bas. J'ai cru devoir plait à les prendre comme autorités;

préciser la chose plus nettement que pour lui déjà, ils sont « la sagesse des

le texte ne le fait. — Nous avons nations». — De ces deux solutions,

ttabli. Voir dans le chapitre qua- Aristote adoptera la première, celle

triènie, § i. — Partent d'abord de qui pousse au désintéressement. —

l'indiridu. En ce sens (|u'il faut (juc K/joIr confiance. C'est trop dire : la

�� �