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392 MORALE A NICOMAQUE.

donner le pouvoir aux plus éminents citoyens; car alors chacun obtient précisément ce qu'il désire. La concorde ainsi comprise devient en quelque sorte une amitié civile, ainsi que je l'ai dit; car elle s'adresse alors aux intérêts communs et à tous les besoins de la ^ ie sociale.

§ 3. aîais cette concorde suppose toujours des cœurs honnêtes; en effet ces cœurs-là sont d'accord avec eux- mêmes d'abord, et ils y sont entr'eux réciproquement, parce qu'ils ne s'occupent, pour ainsi dire, que des mêmes choses. Les volontés de ces esprits bien faits demeurent inébranlables, et n'ont pas de flux et de reflux comme l'Euripe ; ils ne veulent que des choses justes et utiles, et ils les désirent sincèrement dans l'intérêt commun. § li. Loin de là, entre les méchants, la concorde n'est pas pos- sible, si ce n'est pour de bien courts instants, pas plus qu'ils ne peuvent être longtemps amis, parce qu'ils dé- sirent une part exagérée dans les profits, et qu'ils en prennent le moins qu'ils peuvent dans les fatigues et dans les dépenses coumumes. Chacun ne voulant que les avan- tages pour soi, épie et entrave son voisin; et comme l'in- térêt commun n'est le souci de personne, il périt bientôt sacrifié. Alors, ils tombent dans la discorde en essayant de se forcer les uns les autres à obsener la justice, sans que personne veuille s'astreindre à la pratiquer pour soi- même.

��§ 3. Comme l'Euripe. On sait que § 4. Si ce n'est pour de bien

le phénomène du llux et <iu reflux courts instants. Observation très-

esl très-marqué dans l'Euripe, juste, malgré les apparences con-

entre l'Eubée et la Béolie, et que c'est traires. Aristotc l'appuie d'excellentes

à pt u près le seul lieu de la Méditer- raisons, que juelitie pleinement l'ex-

ranéc où il scit aussi sensible. \ ùr'u nce de la vie.

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