Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/911

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE IX, CH. V, S h. 389

est toute de rencontre, et l' affection qu'elle excite n'est qu'à la surface. § 3. C'est que l'amitié, comme l'amour, commence, ce semble, par le plaisir de la vue ; car si d'abord on n'a point été charmé de l'aspect de la per- sonne, on ne peut pas aimer. Ceci ne veut pas dire que par cela seul qu'on a été séduit de la forme, on en soit déjà à l'amour; il n'y a de l'amour que quand on regrette l'absence d'une personne, et qu'on désire sa présence. § II. Il est bien vrai qu'on ne peut être amis sans avoir éprouvé préalablement la bienveillance. Mais il ne suffit pas d'être bienveillant pour aimer. On se contente de souhaiter du bien à ceux pour qui l'on ressent de la bien- veillance, sans d'ailleurs être disposé à rien faire avec eux, ni à se gêner pour eux en quoi que ce soit. Ce ne pourrait donc être que par métaphore qu'on dirait de la bienveillance qu'elle est de l'amitié. Mais on peut dire qu'en se prolongeant avec le temps, et en arrivant à être une habitude, la bienveillance devient une amitié véri- table, qui n'est ni l'amitié par intérêt, ni l'amitié par plaisir; car la bienveillance ne s'inspire ni de l'un ni de l'autre de ces motifs. En effet, celui qui a reçu un service rend de la bienveillance en retour du bien qu'on lui a fait, et il remplit ainsi un devoir. Mais quand on souhaite le succès de quelqu'un, parce qu'on espère en retirer aussi quelque avantage, on semble être bienveil-

��§ 3. Par le plaisir de la vue. Cette § 4. A rien faire pour eux. Ceci

obscnation, qu'un examen superiî- semble contredire ce qui vient d'être

ciel peut faire contester, est Irès-pro- dit un peu plus haut, puisqu'Aris-

fondc. Je ne crois pas qu'on puisse tote supposait qu'on serait prêt, par

devenir l'ami de quelqu'un dont la bienveillance, à s'engager dans une

personne physique déplairaiL lutte.

�� �