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384 MORALE A NICOMAQUE.

ment ; il le fait pour lui-même ; car il le fait pour la raison qui est en lui, et qui constitue l'essence même de l'homme en chacun de nous. Sans doute il veut vivre et se conser- ver lui-même ; mais avant tout il veut faire vivre et sauver le principe par lequel il pense ; car pour l'honnête homme la vie est un véritable bien. § 3. Ainsi, chacun de nous se veut du bien à lui-même. Mais si l'on devenait autre et qu'on changeât de nature, on ne désirerait plus alors à cette personne nouvelle tous les biens qu'on souhaitait à l'autre. Car si Dieu lui-même possède actuellement le bien, c'est en restant ce qu'il est par son essence; et c'est le principe in- telligent qui, dans l'homme, est le fond même de l'individu, ou qui du moins paraît l'être plus que tout autre principe en nous. § Zi. Quand donc l'homme est doué vraiment de vertu, il veut continuer de vivre avec lui-même ; car il y trouve un réel plaisir. Les souvenirs de ses actions passées sont pleins de douceur, et ses espérances pour ses actions futures sont également honnêtes. Or, ce ne sont là que des sentiments agréables. Cette foule de pensées remplissent son esprit des plu* nobles émotions; et il se plaît à sym- pathiser surtout avec lui-même, avec ses propres joies, avec ses propres douleurs; car pour lui le plaisir et la peine s'attachent toujours aux mêmes objets et ne varient

��§ 5. — Qui constitue l'essence même qu'elles y subissent. (le l'homme. Principes tout Platoni- § 3. Si l'on devenait autre. C'est ciens. — Est un véritable bien, ce qui peut arriver, quand le vice Observation très-profonde, et qui, corrompt le cœur et que l'Ame se dé- dans la pratique, peut faire juger de grade au lieu de s'améliorer. la vertu et du mérite des gens. Les § 4. Quand donc l'homme.,.. Ad- ùmes éclairées et bien faites ne mé- mirable description des joies de la disent point de la vie, quelque dou- conscience ; analyse aussi concise loureuses que soient les épreuves qu'exacte.

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