Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/902

Cette page n’a pas encore été corrigée

380 MORALE A NICOMAQUE.

même titre. § 2. Quand donc l'mi des deux s'est trompé et qu'il suppose être aimé de cœur, tandis que l'autre n'a rien fait pour le lui donner à penser, il ne doit s'en prendre qu'à lui seul. Mais s'il a été dupe de la dissimulation de son ami prétendu, il a tout droit de se plaindre du trom- peur; et il peut le faire avec plus de justice encore qu'on ne blâme ceux qui font de la fausse monnaie, parce qu'ici le délit s'adresse à quelque chose de bien autrement pré- cieux.

§ 3. Mais supposons le cas où l'on s'est lié avec un homme parce qu'on le croyait honnête, et qu'ensuite il devienne vicieux, ou même paraisse seulement le devenir; peut-on continuer à l'aimer? Ou bien, n'est-il plus pos- sible de l'aimer encore, puisque l'on n'aime pas tout indif- féremment, mais qu'on aime exclusivement ce qui est bon? Car ce n'est pas un méchant qu'on voulait aimer, ni que l'on doit aimer. Il ne faut pas plus aimer les méchants qu'il ne faut leur ressembler; et l'on sait de reste que ce qui se ressemble s'assemble. Voici donc la question : Faut- il rompre sur-le-champ ? Ou bien doit-on distinguer, et rompre non pas avec tous, mais seulement avec ceux dont la perversité est désormais incurable? Tant qu'il y a chance de les corriger, il faut les aider à sauver leur vertu avec

��§ 2. S'en prendre qu'à lui seul, tendu. J'ai ajouté ce dernier mot. —

Si l'on était toujours juste envers soi- De la fausse monnaie. Comparaison

uième, c'est ce qu'on aurait à faire aussi ingénieuse qu'elle est juste, dans la plupart des cas. Le plus sou- § 3. Supposez le cas. 11 n'y a rien

vent, on s'est trompé bien plutôt en ceci d'imaginaire, et c'est une

qu'on n'a été trompé. Mais il est plus question que chacun de nous a pu

facile d'être sévère pour les autres avoir à se poser dans sa vie. — Tant

que pour soi. — De son ami pré- qu'il y a chance de les corriger.

�� �