LIVRE VIII, CH. XIV, § 5. 367
voir d'argent, et qui, à cet égard, est toujours moins bien traité que les autres. On donne de l'argent au contraire à celui qui peut recevoir de tels présents; car c'est en trai- tant toujours chacun en proportion de son mérite que l'on égalise et qu'on entretient l'amitié, ainsi que je l'ai déjà dit. § h. Tels sont aussi les rapports qui doivent exister entre des gens inégaux : on rend en respect et en défé- rence les services d'argent et de vertu qu'on a reçus; et l'on s'acquitte quand on le peut, parce que l'amitié de- mande encore plus ce qu'on peut que ce qu'elle mérite. § 5. Il y a bien des cas, en effet, où il est impossible de s'acquitter pleinement de ce qu'on doit : par exemple, dans la vénération que nous devons avoir envers les Dieux et envers nos parents. Or, personne ne peut jamais leur donner tout ce qui leur est dû ; mais celui qui les adore et les vénère autant qu'il le peut, a rempli tout son devoir. Aussi, semble-t-il qu'il n'est pas permis à un fds de renier son père, tandis qu'un père peut renier son fils. Quand on doit, il faut s'acquitter; mais comme un fils n'a jamais pu rien faire d'équivalent à ce qu'il a reçu, il reste toujours le débiteur de son père. Ceux, au contraire, à qui l'on doit, sont toujours maîtres de libérer leur débiteur ; et c'est là le droit dont use le père à l'égard de son fils. D'ailleurs, il n'est pas un père qui de son côté voulût se séparer de son fils, si ce n'est quand ce fils est d'une in- curable perversité ; car, outre l'affection naturelle qu'un
��ainsi que l'expression. — Aiiisi que $ 5. Envers les Dieux et envers
je l'ai déjà dit. Dans la théorie de la nos parents. Voir un peu plus haut,
justice, livre V, eh. 5, § à. ch. 12, § 5 . Les considéiations
% k. V amitié demande encore plus qu'A rislote présente ici ne sont pas
ce qu'on peut. Pensée très-délicate. moins grandes.
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