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364 MORALE A NICOMAQUE.

encore auraient pu tout aussi bien le leur donner. Ils dé- précient et rapetissent le service qu'on leur a rendu. Les bienfaiteurs, au contraire, prétendent que ce qu'ils ont donné avait pour eux la plus haute importance, que d'au- tres qu'eux n'auraient jamais pu l'accorder, surtout dans les circonstances périlleuses et dans les embarras insur- montables où l'on se trouvait. § 11. Entre ces contradic- tions, faut-il donc reconnaître que, quand la liaison n'est fondée que sur l'intérêt, le profit de celui qui reçoit le service est la vraie mesure de ce qu'il doit rendre? C'est lui qui a demandé le service ; et en le lui rendant, on avait la conviction qu'on recevrait plus tard de lui un juste équivalent. Ainsi, l'aide qu'on lui a donnée est précisé- ment aussi grande que le profit qu'il en a fait; et il doit rendre autant qu'il en a tiré, et même davantage, ce qui serait encore plus beau, g 12. Mais dans les amitiés qui ne sont formées que par vertu, il n'y a pas à redouter des récriminations et des plaintes. L'intention de celui qui oblige est ici la seule mesure, puisqu'en fait de vertu et de choses de cœur, c'est l'intention qui est toujours le prin- cipal.

��§ 11. N'est fondée que sur l'in- § 12. Qui ne sont formées que par térêt. Mais il peut y avoir aussi lieu vertu. Ceci est vrai si, de part et à ces méprises dont Arislote parlait d'autre, les deux amis restent égale- un peu plus haut; et l'on peut croire ment vertueux. Mais les plaintes à de l'affection, quand de fait il n'y peuvent aussi s'élever dans ces ami- avait que du calcul. — La vraie liés, quand l'un des deux se corrompt, mesure. Avec la restriction qu'a po- et vient à commettre des fautes. Aris- sée Aristote, cette mesure est la vraie, tote touchera ceci un peu plus loin.

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