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360 MORALE A NICOMAQUE.

sont inégaux, ils ne restent amis que par une affection qui doit être proportionnée à la supériorité de l'un des deux,

§ 2. Les plaintes, les récriminations, ne se produisent que dans l'amitié par intérêt toute seule, ou du moins c'est dans celle-là qu'elles se produisent le plus fréquem- ment. Gn le conçoit sans peine. Ceux qui sont amis par vertu, cherchent uniquement à se faire un bien réci- proque ; car c'est là le "propre de la vertu et de l'amitié. Quand on n'a pour se diviser que cette noble lutte, on n'a point de plaintes ni de combats à redouter enk-e soi. Per- sonne ne se fâche qu'on l'aime, et qu'on lui fasse du bien; et si l'on a soi-même quelque bon goût, on se dé- fend en rendant les services qu'on reçoit. Celui même qui a le dessus, obtenant au fond ce qu'il désire, ne pourrait faire des reproches à son ami, puisque l'un et l'autre désirent uniquement le bien. § 3. Il n'y a pas davantage lieu à discussions dans les amitiés par plaisir ; car tous deux ont également ce qu'ils désirent, s'ils ne veulent que le plaisir de vivre ensemble ; et l'on serait parfaitement ridicule de reprocher à son ami de ne pas se plaire dans ce cojnmerce, parce qu'on peut toujours fort bien ne plus vivre avec lui.

§ h. Mais l'amitié par intérêt est fort exposée, je le ré- pète, aux plaintes et aux reproches. Comme on ne se lie

��§2. Les plaintes, les récrimina- ridicule. San?, doute; mais avant de

tions.... Sujet nouveau, qui n'est prendre le parti de se séparer de son

amené par aucune transition, et qui ami, on peut se plaindre et à boa

ne tient pas assez à ce qui précède, droit de sa froideur,

bien que ce soit une partie considé- § h. Je le répète. J'ai ajouté ces

rable de la théorie de l'amitié. mots pour que la répétition fût un

g 3. Fa Von serait parfaitement peu moins choquante.

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