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i.xxviii PRÉFACE.

» seule, est assez insignifiante et mérite à peine " qu'on en parle, » mais qui donne aux autres qualités ou leur enlève tout leur prix. Laisser libre carrière à ses passions et chercher à les satisfaire est un mal sans remède: c'est mener une vie licencieuse et déréglée, qui ne peut conduire qu'à la honte et au malheur. La vertu et le bonheur se trouvent mille fois plus aisément dans la proportion et dans l'éga- lité. Aussi, en supposant que les âmes puissent faire un choix ', comme elles en font un dans les Champs- Elysées, selon le récit d'Er l'arménien, le sage leur conseillerait de savoir se fixer pour toujours à un état médiocre, et d'éviter également les deux extré- mités. Quand le prudent Ulysse, appelé le dernier, vient aussi pour choisir, il ne cherche point une de ces conditions brillantes et périlleuses où les pas - sions de tout genre apprêtent à l'âme tant de chutes. '( Le souvenir de ses longs revers l'ayant désabusé 1 de l'ambition, il chercha longtemps, et découvrit à « grand'peine, dans un coin, la vie tranquille d'un « homme privé, que toutes les autres âmes avaient « dédaigneusement laissée à l'écart. En l'apercevant

��(1) Platon, Lois, I, 72; III, 186; VI, 351, VII, 12; Gorgkis, 302; }{( publique, X, 289.

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