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à la contemplation ; et alors, ses devoirs les plus évidents et les plus indispensables en ce monde ne risquent-ils pas de s’abîmer et de disparaître dans ce devoir imaginaire que son intelligence se crée à plaisir ? Rien n’est plus loin, je l’avoue, de la pensée de Socrate et des exemples qu’il a personnellement donnés. Mais ses principes, outre qu’ils ont l’inconvénient d’être des paradoxes, renferment ces fâcheuses conséquences. Tout éloignées qu’elles sont, un temps viendra où des esprits moins sages développeront ces germes dangereux, et les mystiques d’Alexandrie pourront, sans trop d’erreur, s’intituler les nouveaux disciples de Platon.

Mais j’ai hâte de fuir le terrain de la critique, et je reviens à celui de l’admiration, que je n’aurai plus à quitter.

Platon a parfaitement démontré que la vertu ne consiste pas dans un seul acte vertueux, et que, pour être réelle, il faut qu’elle soit le résultat d’une longue pratique. Elle est, comme il le dit lui-même, « l’harmonie de l’habitude et de la raison. » Il a vu tout aussi bien que la vertu est une sorte de milieu, et que, la nature humaine étant ce qu’elle est, la voie la plus sûre à suivre est celle qui s’éloigne des extrêmes. Il recommande la tempérance, qui, « considérée toute