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LIVRE VIll, CH. II, g 3. 315

ment ce qui est bien pour eux? Ces deux choses en effet peuvent n'être pas toujours d'accord. Même question aussi pour l'agréable, pour le plaisir. De plus, chacun de nous semble aimer ce qui est bien pour lui; et l'on pourrait dire d'une manière absolue, à ce qu'il semble, que le bien étant l'objet aimable, l'objet qui est aimé, chacun n'aime que ce qui est bon pour chacun. J'ajoute que l'homme n'aime pas même ce qui est réellement bon pour lui, mais ce qui lui paraît être bon. Ceci du reste ne ferait aucune diffé- rence sérieuse; et nous dirions volontiers que l'objet ai- mable est celui qui nous paraît être bon pour nous.

g 3. Il y a donc trois causes qui font qu'on aime. Mais on n'appliquera jamais le nom d'amitié à l'amour ou au goût qu'on a parfois pour les choses inanimées; car il est trop clair qu'il ne peut y avoir en elles un retour d'affec- tion, pas plus qu'on ne peut leur vouloir du bien. Quelle plaisanterie, par exemple, que de vouloir du bien à du vin qu'on boit! Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on souhaite que le vin se conserve, afin qu'on puisse le boire quand on veut. Pour un ami au contraire, on dit qu'il faut lui vou- loir du bien uniquement pour lui-même; et l'on appelle bienveillants les cœurs qui veulent ainsi le bien d'un autre, quand même ils ne seraient pas payés de retour par celui qu'ils aiment. La bienveillance, quand elle est réciproque,

��— Le bien est l'objet aimable. Ceci que rbomme ne poursuit que ce qui

semblerait résulter du principe posé lui paraît bon.

au début de cet ouvrage, queriiomme § 3, Il y a donc trois causes. Bien

n'agit jamais qu'en vue du bien, que tout à l'beure Aristote les ait

Voir plus haut, livre 1, cli. 1. — réduites à deux. — /4 /'ajnottr om ait

Aucune différence scricnsc. Aristote gofit. J'ai ajouté ces derniers mots

a raison; et même en parlant du comme explication et paraphrase. —

bien absolu, on peut toujours dire La bienveillance quand elle est réci-

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