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LIVRE VUl, CH. 1, g 5. 311

Mais il se mauil'este principalement entre les honuucs, et nous accordons nos louanges à ceiLx qu'on appelle philan- thropes, ou amis des hommes. Quiconque a fait de grands voyages a pu voir combien l'homme est partout à l'homme un être sympathique et ami. § h. On pourrait mèmer aller jusqu'à dire que c'est l'amitié qui est le lien des Etats, et que les législateurs s'en occupent avec plus de sollicitude encore que de la justice. La concorde des citoyens n'est pas sans ressemblance avec l'amitié ; et c'est la concorde avant tout que les lois veulent établir, comme elles veu- lent avant tout bannir la discorde, qui est la plus fatale ennemie de la cité. Quand les hommes s'aimeni entr'eux, il n'est plus besoin de justice. Mais ils ont beau être justes, ils ont encore besoin de l'amitié ; et ce qu'il y a sans contredit de plus juste au monde, c'est la justice qui s'inspire de la bienveillance et de l'alfection. § 5. Non- seulement l'amitié est nécessaire ; mais de plus elle est belle et honorable. Nous louons ceux qui aiment leurs amis, parce que l'affection qu'on rend à ses amis nous paraît im des plus nobles sentiaients que notre cœur puisse

��S 3. Pliilantliropcs, ou amis ilcs Aristote parle ici d'amitié, iliauttii-

Jiommcs. J'ai paraphrasé le mot grec, tendre qu'il s'agit de l'affection et de

tout connu qu'il est, pour faire saisir l'union des citoyens entr'eux, — La

la ressemblance étymologique. — concorde des citoyens. Est une sorte

Quiconque a fait de grands voyages, d'amitié sociale. — Quand les hommes

Il faut se rappeler qu'au temps s'aiment entr'eux. Admirables doc-

d' Aristote, Içs longs voyages étaient trines, qui semblent devancer déjà le

aussi rares qu'ils étaient difficiles. christianisme, et qu' Aristote em-

§ li. Le' lien des Etals. Ceci est prunte aux enseignements de son

tout à fait d'accord avec ce grand maître. Voir la Politique, livre II,

principe si souvent exprimé dans la ch. 1, $ 16, p. 58 de ma traduction.

Politique, que l'iionime est un être 2*^ édition, et ch. 2, § 8, p. 63. ibid.

essentiellement sociable. Mais quand ^ Oir aiisii le Uancpict de Platoui

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