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30/i MORALE A NICOMAQUE.

c'est de banflir la douleur, et que souvent dans la douleui- excessive on recherche, comme moyen de guérison, un plaisir non moins excessif, qui n'est en général que celui du corps. Mais ce sont là des remèdes violents, et ce qui fait qu'on les prend avec tant d'ardeur, c'est qu'ils semblent de nature à effacer les émotions contraires. Ce n'est pas pour cela que le plaisir corporel nous semble davantage être un bien ; et l'on a toujours deux motifs de le con- damner, ainsi qu'on l'a déjà dit. Le premier, c'est que les actes même du plaisir ainsi compris n'appartiennent qu'à une nature dégradée, soit qu'ils résultent du fait de l'or- ganisation et de la naissance, comme les plaisirs de la brute, soit qu'ils résultent de l'habitude, comme les plaisirs des hommes corrompus. Le second motif, c'est que les remèdes annoncent toujours un besoin dont on souffre, et qu'il vaut toujours mieux être que de devenir. Or, ces plaisirs n'ont guère lieu que quand ceux qui les goûtent cherchent à recouvrer leur état naturel ; et ainsi, ils ne sont bons qu'indirectement. § 5. En outre, ces plaisirs ne sont recherchés, à cause de leur vivacité même, que par

��recherche les plaisirs du corps pour naturel. C'est-à-dire, à dissiper le

faire diversion à la douleur morale, mal qui les agite et à retrouver le

au chagrin. — Des remèdes violents, calme qu'ils ont perdu. — Ils ne

Si la douleur est vive, il faut pour la sont bons qu'indirectement. Parce

chasser des plaisirs non moins vifs; qu'ils n'ont pour objet que de guérir

et l'ébranlement qu'ils causent est la douleur.

toujours fâcheux. — Ainsi qu'on l'a § 5. En outre. Aristote revient à

ilêjà dit. Voir plus haut, ch. II, § 1, son sujet; mais ce second argument

où du reste cette pensée est plutôt est assez obscur; el au fond il ne

impliquée qu'elle n'est formellement semble qu'une répétition. Si l'on

exprimée. ■ — Le premier... Le se- croit que les plaisirs du corps sont

cond. Digression où se perd la pensée les plus désirables de tous, c'est

primitive. — A recouvrer leur état qu'on est incapable d'en apprécier

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