28/4 MORALE A NICOMAQUE.
perdre la domination de soi. Tel est Néoptolème dans le Philoctète de Sophocle; c'est bien encore le plaisir, si l'on veut, qui le pousse à ne pas tenir à sa première résolu- tion ; mais c'est un noble plaisir, puisqu'il était louable à lui de dire la vérité, malgré les conseils d'Ulysse, qui lui avait persuadé de faire un mensonge. Ainsi, par cela seul qu'on agit sous l'influence du plaisir, on ne peut pas dire qu'on soit débauché, vicieux, et intempérant ; on ne l'est ({ue si le plaisir qui vous entraîne, a quelque chose de honteux.
g 5. Puis donc qu'il se peut aussi qu'on recherche moins qu'il ne le faut les plaisirs du corps, et que dans cette réserve excessive on peut également manquer aux règles de la raison, l'homme vraiment tempérant, qui se maîtrise toujours, représentera le caractère intermédiaire entre celui que je viens d'indiquer et l'intempérant. Si l'intempérant n'obéit })as à la raison, c'est qu'il a quelque chose de plus qu'il ne faut; l'autre au contraire a quelque chose de moins, tandis que l'homme vraiment tempérant reste toujours fidèle à la raison, et ne change jamais sous une autre influence. Mais puisque la tempéi'ance est une louable qualité, il faut, ce semble, que les deux qualités contraires soient blâmables ; et c'est en effet ainsi qu'on les juge l'une et l'autre d'ordinaire, g 0. Seulement, comme l'une ne se montre que chez bien peu de gens.
��§ h. Dans le Philoctcic de So- idées ue se suivent pas bien; et une
phocle, V. 965 et suiv. Aristole a transition eût été nécessaire. —
déjà cité plus haut cet exemple. Voir Celui que je viens d'imliqucr. Celui
«h. 2, § 7. — Sous l'influence du qui pousse l'abstinence beaucoup
plaisir. Comme agit Néoptolème. trop loin.
§ 5. Puis donc qu'il se peut... Ces § 6. Comme l'une... Bien peu de
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