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•270 MORALE A NICOMVQUE.

<( Mon père frcappait le sien ; son père frappait aussi notre ') aïenl; et ce bambin, ajoutait-il en montrant son fils, ce )) bambin à son tour me frappera quand il sera grand; » car c'est chez nous une habitude de famille. » On peut citer encore ce malheureux qui, traîné par son fils, lui di- sait de s'arrêter sur le seuil de la porte, parce que lui non plus n'avait traîné son père que jusque-là,

§ 5. On peut ajouter que les plus coupables sont en général ceux qui dissimulent leurs desseins et leurs pièges. L'homme emporté par son cœur ne cache pas ses projets, non plus que la colère, qui les montre toujours à découvert. Le désir est au contraire comme Vénus, si l'on en croit les portraits qu'on nous en fait :

« La perfide Cypris qui sait ourdir les ruses. »

Ou bien c'est comme cette ceinture dont parle Homère :

ce divin talisman

« Piège où pourrait tomber le cœur même du sage. »

Par suite, si cette sorte d'intempérance dissimulée est plus coupable et plus honteuse que celle de la colère, on pourrait presque dire qu'elle est l'intempérance absolue et le vice proprement dit. § 6. Il y a même plus : on ne souffre pas quand on fait une insulte à autrui ; mais quand on agit par colère, on agit toujours avec une vive souf-

��§ 5. La perfide Cypris. Les com- l'hymne de Sapbo à Vénus. — Dont

mentateurs attribuent ce vers à parle Homère. Iliade, chant XIV,

Homère; mais il ne se trouve pas vers 214 et suiv. • — L'intempérance

dans ce qui nous reste de lui. Une absolue. C'est être trop sévère contre

expression analogue, si ce n'est le le désir, qui est naturel sans être

vers lui même, se rencontre dans d'ailleurs irrésistible

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