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LIVKE VU, CH. VI, g /i. 269

reur et l'attaque siir-le-clianip. Quant au désir, il suffit que la raison ou la sensibilité lui dise que tel objet est agréable, pour qu'il s'élance aussitôt à la jouissance. J^ 3. Ainsi, la colère obéit bien encore en quelque mesure à la raison. Le désir ne lui obéit en rien ; il est donc plus honteux que la colère; car l'intempérant en fait de colère se laisse conduire jusqu'à un certain point parla raison, tan- disquel' autre qui ne sait pas dompter ses désirs, n'est do- miné que par eux, et ne cède en rien à la raison, g A. D'ail- leurs, on est toujours plus excusable de suivre ses mouve- ments naturels, puisqu'on l'est toujours aussi davantage de céder à ces passions qui sont le partage commun de tous les hommes, quand on y cède comme tout le monde. Mais la colère même avec ses violences a quelque chose de plus naturel que les emportements de ces désirs qui ne nous poussent qu'aux excès, et qui ne répondent point à des besoins nécessaires. C'est comme cet homme qui croyait s'excuser d'avoir frappé son père, en disant :

��paraison qui n'est peut-être pas assez § U. Ses mouvcmenls naturels.

relevée, puisqu'Aristote veut excuser Les désirs sont encore plus naturels

la colère. que la colère ; et, à ce titre, ils

$2. Quant audésir. Il n'entenditas seraient plus excusables. Il est pos-

même une partie de la raison. Il est s"ble d'ailleurs, par une longue disci-

plus aveugle que le cœur et la colère, pline de son ùmc, d'empêcher que

§.'5. It est donc plus Iwnteiix. he les désirs coupables n'y puissent

désir, dans le vrai sens du mot, ne naître; et c'est peut-être à ce point

dépeud pas de nous; ce qui dépend de vue que se place Aristote, pour

de nous, c'est d'y céder ou d'y ré- blâmer les désirs que la raison n'a-

sister. — L'intempérant en fait de voue pas. Il est vrai en outre, que la

colère. J'ai dû conserver cette ex- colère n'est pas aussi coupable que la

pression, quoiqu'elle soit assez bi- débauche ; mais c'est uniquement

zarre, pour conserver le rapport des parce que le débauché a cédé à ses

idées le mieux possible. désirs au lieu de les vaincre.

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