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LIVRE VII, CH. 111, § 1-2. 255

au plaisir; et qu'à côté d'elle, une autre pensée également générale nous dise encore que « tout ce qui est donx est agréable à goûter, » avec la proposition particulière que telle chose qui est sous nos yeux, est douce. Si cette dernière pensée est actuellement dans notre esprit, et que le désir se trouve excité en nous, il arrive alors qu'une pensée nous dit de fuir l'objet. Mais le désir nous y pousse, puis- que chacune des parties de notre âme a le pouvoir de nous mettre en mouvement. Par conséquent, on peut pres- que dire que dans ce cas c'est la raison et le jugement qui rendent l'homme intempérant ; non pas que le jugement soit contraire en lui-même à la raison, mais c'est in- directement qu'il le lui devient; car ce n'est pas le juge- ment précisément, c'est le désir seul qui est contraire à la droite raison. § 11. Ce qui fait que les bêtes ne sont pas intempérantes à proprement parler, c'est qu'elles n'ont pas la conception générale; elles n'ont que l'apparence et le souvenir des choses particulières.

§ 12. Comment l'ignorance de l'intempérant se dissipe- t-elle? Comment l'intempérant après avoir perdu la do- mination de soi, revient-il à la science? L'explication qu'on peut donner ici, est la même exactement que pour l'homme ivre et pour l'homme qui dort ; et comme il n'est rien qui soit spécial à la passion de l'intempérance, ceux qu'il faut

��§ H. C'est qu'elles n'ont pas la $ 12. Comment l'ignorance... Di-

conceplion générale. On ne peut pas gression qui interrompt Tenchaîne-

dire non plus qu'elles aient la con- ment des idées. — Après avoir perdu

ceptionde la proposition particulière, la domination de soi. J'ai ajouté ces

Elles sentent physiquement l'objet de mots, qui ne sont qu'une paraphrase

leur désir, et elles s'y portent par de l'expression grecque, et qui la font

un aveugle instinct. mieux comprendre.

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