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LIVRE VII, CH. m, S 5. -251

pensée arrêtée ; mais il n'eu poursuit pas moins le plaisir qui s'olTre à lui. § 3. Peu imj)orte du reste à la question que ce ne soit que la simple opinion, l'opinion vraie et non pas la science proprement dite, cpii fasse tomber les hommes dans l'intempérance. Il arrive plus d'une fois que, tout en n'ayant sur les choses qu'une simple opinion, on n'éprouve pas cependant le moindre doute, et qu'on croit parfaitement les savoir de la science la plus pré- cise. § à. Si donc on prétend qu'on éprouve toujours une croyance assez faible pour ce qui n'est qu'une opinion, et qu'on se sent dès lors plus disposé à agir contre sa propre pensée, il s'en suivrait qu'il n'y a jjlus de différence entre la science et l'opinion, puisqu'il y a des gens qui ne croient pas moins fermement à ce qui n'est en eux qu'une opinion, que d'autres ne croient à ce qu'ils savent de science certaine, comme le prouve assez l'exemple d'Heraclite. § 5. Mais savoir, à notre avis, peut s'entendre en deux sens divers; et l'on dit de celui qui a la science et ne s'en sert pas, qu'il sait, tout aussi bien qu'on le dit de celui qui en fait usage. Il sera donc fort différent de faire un acte coupable, en ayant la science de ce qu'on fait, mais sans la mettre actuellement en usage par la vue qu'en aurait l'esprit; et de le fah-e, en ayant cette science et en voyant actuellement la faute que l'on commet. Dans ce dernier cas, la faute est aussi grave qu'elle peut l'être, tandis qu'elle n'a point cette gravité, c[iiand on ne voit

��§ 3. Que la simple opinion. Voir sophe. Voir dans la Grande morale.

plus haut dans le chapitre 2, § 4, livre II, ch. 8, un jugi-mcut tout pa-

cette théorie déjà indiquée. reil sur Heraclite, qui attachait à la

§ i. L'exemple d'Héraclife. C'est- simple opinion la même valeur qu'à

à-dire toute la doctrine de ce philo- la science.

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