LIVRE VI, CH. X. ^ 7. 237
car d'après lui, elles étaient toutes des espèces de sciences ; et quant à nous, nous pensons qu'il n'y a pas de vertu qui ne soit accompagnée de la raison.
§ (3. Il demeure donc évident, d'après tout ce qui vient d'être dit, qu'on ne peut pas, à proprement parler, être bon sans prudence, et qu'on ne saurait être prudent sans vertu morale. Ces considérations nous serviront encore à juger cette théorie qui soutient (( c|ue les vertus peuvent )) être séparées les unes des autres, puisque un seul et )) même individu, quelques dons que lui ait faits la nature. » ne les possède jamais toutes sans exception; et qu'il 1) peut déjà avoir l'une, sans avoir encore l'autre. » Cette remarque, il faut le dire, est vraie pour les vertus pure- ment naturelles ; mais elle ne l'est plus pour ces autres vertus qui font que l'homme qui les possède, peut être ap- pelé absolument bon ; car cet homme aura toutes les ver- tus, du moment qu'il aura la prudence, qui à elle seule les comprend toutes. § 7. Il est donc certain encore que cette haute vertu, dût-elle n'être pratique en rien dans la vie, ne nous en serait pas moins nécessaire, puisqu'elle est la
��§ 5. Des espèces de sciences. So- accompagnée de la raison. La diffé-
crate ne paraît pas avoir la pensée rence qu'Aristote veut établir entre
que lui prête Aristote.DansleMénon, sa doctrine et celle de son maître,
par exemple, il soutient que la vertu c'est que selon lui la raison est une
n'est pas une science, puisqu'elle ne faculté distincte de la vertu, et qu'elle
peut pas s'enseigner. La même doc- doit la guider.
trine reparaît dans le Protagoras, et $C). A juger cette théorie. Ilest iiro-
dans plusieurs autres dialogues. — bable que c'est une théorie de Platon,
Quant d nous. M. Fritzsch, page 4/i8 qui d'ailleurs ne l'a pas formellement
deson édition de la Morale à Eudème, exprimée, du moins dans ses dia-
croit que ceci veut dire : « Nous logues parvenus jusqu'à nous. —
autres péripatéticiens. n — Qui ne soit Qui à elle seule les comprend toutes.
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