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moyens de rendre l’homme heureux ; car elle ne cherche pas à rien produire. Quant à la prudence, elle possède bien, si l’on veut, ces moyens. Mais en vue de quoi en a-t-on vraiment besoin ? La prudence sans doute s’applique à ce qui est juste, à ce qui est beau, et de plus à ce qui est bon pour l’homme; et c’est là précisément tout ce que l’homme vertueux doit faire. Mais pour savoir toutes ces règles, nous n’en sommes pas du tout plus habiles à les pratiquer, s’il est vrai, comme nous l’avons dit, que les vertus soient de simples aptitudes morales. C’est comme pour les exercices et les remèdes qui assurent au corps la santé et la vigueur : ils ne sont rien tant qu’on ne les fait pas réellement, et qu’on n’en parle que comme conséquences possibles d’une certaine aptitude ; car nous ne sommes pas en réalité mieux portants ni plus forts, parce que nous possédons simplement la science de la médecine ou de la gymnastique. § 2. S’il ne suffit pas pour appeler un homme prudent, qu’il ait la connaissance des choses qui constituent la prudence, mais si poiu" mériter ce titre, il doit être efficacement prudent, il s’en suit que la prudence ne serait utile en rien aux hommes qui sont

vertus intellectuelles, qu’a définies

Voir dans la Politique, livre I, ch. ^,

Aristote, sont éminemment utiles à

page 40 de ma traduction, l’anecdote

l’homme. Ce qu’on peut demander,

relative à Thalès. — Plus habiles à

c’est de savoir précisément quelle

les pratiquer. Il semble au contraire,

est l’utilité spéciale et distincte de

d’après toutes les théories qui pré-

chacune de ces vertus. C’est là sans

cèdent, que la prudence est surtout

doute ce qu’a voulu dire Aristote,

une vertu pratique. — Comme nous

comme le prouve le développement

l’avons dit. Livre II, ch. 1, § 3.

de tout le chapitre; mais l’expression

§ 2. Qu’il ait la connaissance. Et

n’est pas assez claire, - Les moyens

s’il faut encore qu’il les applique. —

de rendre l'homme heureux. La sa-

Ne serait utile en rien. Par la raison

gesse ne fait qu’instruire son esprit.

qu’Aristote en donne un peu plus