Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/711

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE V, CH. XT, S 9. 189

normal dans la gymnastique. Mais, à tout prendre, com- mettre une injustice est plus mauvais que la souffrir, parce que l'injustice que l'on commet est toujours accompagnée de perversité et qu'elle est profondément blâmable; et quand je dis perversité j'entends, soit la perversité com- plète et absolue, soit un degré qui s'en rapproche beaucoup, bien que tout acte volontaire d'injustice ne suppose pas né- cessairement un fond réel d'iniquité. Au contraire, quand on souffre une injustice, c'est toujours sans perversité ni injustice de notre part. § 8. Ainsi donc, en soi souffrir une injustice est bien moins fâcheux que la commettre; ce qui n'empêche pas qu'indirectement ce ne puisse être parfois un mal beaucoup plus grand. Mais peu importe à la science, qui n'a point à s' occuper de ces détails; la science dit, par exemple, qu'une pleurésie est un mal plus grave qu'un faux pas ; et cependant, il se peut qu'indirectementle faux pas devienne un mal bien plus grand : si, par exemple, la chute qu'il cause vous fait tomber entre les mains des ennemis, et vous fait tuer par eux.

§ 9. C'est donc par simple métaphore et par similitude qu'on peut dire qu'il y a, non pas précisément une justice de soi envers soi-même, mais de certaines parties de nous envers certaines autres parties. Cette justice n'est pas la justice absolue ; c'est seulement la justice du maître à

��peu amenées. — Est plus mauvais $ 9. La justice du maître à Ccs-

que la souffrir. C'est dans le Gorgias clave. Parce qu'Aristote considère

de Platon qu'il faut voir les dévelop- toujours Tesclave comme une partie

pements de cette grande maxime. intégrante du maître. Voir plus haut

§ 8. Indirectement. C'est-à-dire, dans ce livre, ch. 6, § 6. Cette mé-

sous le rapport matériel, et non plus tapliore appliquée aux. parties de

sous le rapport moral. r;\me est encore plus fausse, s'il est

�� �