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LIVRE V, CH. IX, § 17. 181

§ 16. C'est encore par suite de cette même opinion qu'on suppose qu'il ne serait pas moins facile à l'homme juste d'être injuste, s'il le voulait. Le juste, à ce qu'on croit, pourrait trouver plus de moyens de commettre toutes ces iniquités, bien loin d'en trouver moins que les autres. Il pourrait avoir un commerce adultère, il pour- rait frapper quelqu'im. L'homme de courage aussi pom'- rait dans un combat jeter son bouclier, et s'enfuira toutes jambes dans la première direction venue. Mais pour être un lâche, pour être coupable, il ne suffit pas seulement de faire toutes ces choses, si ce n'est indirectement ; il faut encore les faire par suite d'une certaine disposition mo- rale ; de même que faire de la médecine et rendre la santé ne consiste pas seulement à couper ou à ne pas couper, à donner des médicaments ou à ne pas les donner ; l'art vé- ritable du médecin consiste à faire toutes ces choses dans certaines circonstances déterminées.

§ 17. La justice n'a ses réelles applications que parmi les êtres qui ont une part des biens absolus, et qui en outre peuvent, par excès ou par défaut, en avoir trop ou trop peu. Il est des êtres pour lesquels il n'y a pas d'excès possible de ces biens ; et par exemple, c'est làpeut- être la condition des Dieux. Il en est d'autres au contraire

��dit plus haut de la vertu; pour être § 17. Qui ont une part des biens

réelle, il faut qu'elle soit une habi- absolus. L'homme ne peut avoir le

tude, livre II, eh. 1, § 7. bien absolu en partage; mais il peut

§ 16. A l'homme juste d'être in- en avoir une part, si sa raison sait

juste. Question subtile et d'une im- le rechercher et le conquérir par la

porlance secondaire. — Pour être vertu. Les biens absolus sont ceux

un lâche. Réellement, et dans toute qui sont des biens par eux-mêmes ;

l'acception du mot. mais ces biens peuvent devenir des

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