Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/702

Cette page n’a pas encore été corrigée

180 MORALE A NICOMAQUE.

%ili. Les hommes s'imaginent que comme il ne dépend que d'eux seuls de commettre une injustice, c'est aussi une chose facile pour eux que d'être justes. Mais il n'en est rien. Sans doute, séduire la femme de son voisin, frapper quelqu'un qui passe , ou donner à un juge de l'argent de la main à la main, c'est une chose aisée et qui ne dépend que de nous. Mais faire tels autres actes en ayant certaines dispositions morales, n'est pas une chose aussi facile qu'on le croit, et qui dépende de nous unique- ment. § 15. De même encore, on se persuade ordinaire- ment que connaître le juste et l'injuste n'exige pas une très-grande sagesse, parce qu'il n'est pas difficile de com- ])rendre les prescriptions que contiennent les lois à cet égard. Mais les prescriptions légales ne sont qu'indirecte- ment les actes de justice qu'il s'agit d'appliquer. C'est en pratiquant ces actes d'une certaine manière, c'est en les répartissant d'une certaine façon, qu'on arrive à exercer véritablement la justice. Or, c'est là une œuvre plus diffi- cile que de connaître ce qui convient à la santé de notre corps. Même en fait d'hygiène et de médecine, il peut être aisé de connaître ce que c'est que le miel, le vin, l'ellébore, la cautérisation, l'amputation. Mais savoir pré- cisément dans quelle mesure, pour quelle personne, dans quel cas il faut les employer comme moyens de guérison, c'est là une œuvre telle qu'il n'en faut pas davantage pour faire un médecin.

��être plus difficUe de se défendre, mire et qu'on estime les hommes

§ lU. Mais il n'en est rien. Aris- justes. On croit donc qu'ils _ ont

tote a raison ; mais l'opinion vul- quelque peine à l'être, gaire ne fait pas si bon marché de la § 15. C'est en pratiquant ces

justice; et la preuve c'e^t qu'on nd- actes. Ceci confirme ce qu'Aristofc a

�� �