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174 MORALE A NICOMAQUE.

bien exactement défini ce que c'est que sonffrir ou com- mettre une injustice. Et d'abord, Euripide a-t-il bien compris ce qu'elle est, quand il dit ces étranges paroles :

« C'est moi, qui Timmolai, ma mère; et je le dis,

« Elle et moi le voulions; oui, l'ordre est venu d'elle. »

Mais est -il possible réellement que jamais quelqu'un veuille de son plein gré qu'on lui fasse un dommage, une injustice? Ou plutôt, n'est-ce pas involontairement qu'on subit l'injustice, de même que c'est toujours volontaire- ment qu'on la commet? Se peut-il en effet que l'injustice qu'on souffre ait l'un ou l'autre caractère indifféremment, de même que toute injustice qu'on commet est nécessai- rement volontaire? En d'autres termes, l'injustice qu'on souffre peut-elle être tantôt volontaire, et tantôt ne l'être pas? § 2. On peut encore poser des questions toutes pa- reilles en ce qui concerne la justice qu'on reçoit des autres ; car comme tout acte de justice qu'on fait soi- même est toujours volontaire, il paraît qu'on peut égale- ment, avec toute raison, opposer, à titre de volontaire et d'involontaire, l'injustice et la justice qu'on éprouve de la part d'autrai. Mais il doit paraître assez étrange de soutenir que la justice qu'on reçoit est toujours volon-

��Ici Aristote n'est pas très-nécessaire; il plein grc. Personne ne veut qu'on semble que les discussions antérieures lui nuise; mais dans un accès de n'ont rien laissé d'obscur clans sa désespoir et de fureui", on peut de- théorie. — Et d'abord, Euripide, mander à une autre personne qu'elle Dans la tragédie perdue de Belle- tous tue, comme Bellérophon prétend rophon. Ce fragment n'a pas été re- que sa mère le lui a demandé. — cueilli, je crois, dans l'édition de C'est toujours volontairement qu'on M. Firmin Didot, Euripidis frag- la commet. Pour qu'elle soit une menta. — Quelqu'un veuille de son réelle injustice.

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