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118 MORALE \ NICOMAQUE.

hommes ou leur jalouse admiration. Mais ceux dont la vanité vise au lucre, s'attribuent des talents qui peuvent être utiles au. prochain, et dont la fausseté peut se dissi- muler assez aisément : par exemple, la science d'un mé- decin ou d'un devin habiles. Aussi sont-ce là les talents (lue se donnent le plus fréquemment les charlatans ; car ils y sont poussés par les motifs qu'on vient de dire et (ju'ils portent en eux.

$ili. Quant à ceux qui ont cette réserve ou disposition ironique de toujours diminuer les choses, ils paraissent en général d'un caractère plus aimable et plus gracieux. Ce n'est pas, certainement, la cupidité qui les fait parler comme ils font; c'est plutôt parce qu'ils veulent fuir toute exagération. Les gens de ce caractère repoussent surtout avec soin tout ce qui peut donner de la célébrité ; et l'on sait comme faisait Socrate. § 15. Quant à ceux qui s'ar- rogent à tort des qualités sans importance, et dont ils veulent frapper les yeux de tout le monde, ce sont ce qu'on peut appeler d'assez mauvais lourdauds ; et ils s'attirent bien vite le dédain qu'ils méritent. Parfois la réserve poussée trop loin ressemble à de la fanfaronnade ;

��cule sur leur crédulité, et ne demande ployer. — Et l'on sait comme faisait

rien à leur bourse. — Peut se dissi- Socrate. Peut-être Aristote ne place-

muler assez aisément. Celte seconde t-il pas Socrate en très-bonne compa-

condition est aussi nécessaire ; car gnie; il a presque l'air de l'accuser de

autrement le fanfaron manquerait mensonge, bien qu'il attribue l'ironie

son but. Mais dans ce cas le fanfaron au désir de fuir toute exagération, et

mérite un autre nom. C'est un cbar- qu'il dise un peu plus loin qu'elle

lalan ou même un fripon. peut être fort gracieuse.

§ li. Cette réserve ou disposition § 15. La réserve poussée trop

ironique. Le texte n'a qu'un seul /oi/i. Ces cas sont rares; mais l'obser-

mot au lieu des deux, que j'ai dû em- valion d'Arislote n'en est pas moins

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