LIVRE lY, CH. III, ^ '11. 99
haines et ses amitiés; il n'y a que celui qui a peur qui se cache; et quant à lui, comme il s inquiète plus de la vérité que de l'opinion , il parle et il agit franchement à la face de tout le monde, comme c'est le propre d'une âme fière et dédaigneuse. Aussi est - il parfaitement sincère ; et sa franchise se montre par les dédains qu'il exprime souvent. Passionné pour la vérité , il la dit toujours , si ce n'est quand il emploie l'ironie, moyen dont il se sert assez souvent avec le vulgaire.
g 25. Il ne peut vivre non plus qu'avec un ami; vivre avec un autre , c'est une sorte de servitude ; et voilà pourquoi tous les flatteurs ont des caractères serviles , et que les petits en général sont des flatteurs. § 26. Le magnanime est encore très-peu porté à ^'admiration ; car il n'y a rien de grand à ses yeux. Il n'a pas davan- tage de ressentiment du mal qu'on lui a fait; car se souvenir du passé n'est pas d'une grande âme , surtout se souvenir du mal ; et il est plus digne de lui de l'ou- blier, g 27. Il n'aime pas non plus à parler avec les gens, parce qu'il n'a rien à dire de lui-même ni d'au- trui. Il s'inquiète tout aussi peu d'être loué que de blâmer les autres : comme il ne prodigue pas l'éloge , il ne se
��gnanime, si toutefois Aristote ne se § 25. Cest une. sorte de servitude.
trompe pas en ceci. Observation profonde. Que l'étran-
$ 2!i. Qu'il exprime souvent. we?,t ger avec qui vous vivez soit un
peut-être un peu trop dire. Blâmer supérieur ou un inférieur, la liberté
trop souvent, même avec toute rai- en souffre de l'une ou de Tautre
son, est une sorte de petitesse à la- façon. Aristote ne semble parler ici
quelle ne s'abaisse point le magna- que des rapports avec un supérieur,
nime. — Quand il emploie l'ironie. $ 36. Très-peu porté à l'admira-
Ge qui ne cache point la vérité, et ne tion. Parce qu'en effet il est peu de
la rend que plus piquante. choses qui la méritent; et par sa
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