96 MORALE A iMCOMAQUE.
norés par ceux qui les entourent. § 16. Mais, à vrai dire , l'homme de bien est seul digne d'honneur et d'es- time. Sans doute, quand on réunit les deux, la vertu et la fortune , on obtient plus sûrement la considéra- tion. Mais ceux qui possèdent ces biens étrangers , sans posséder la vertu , ne peuvent justement s'estimer très- haut eux-mêmes , et l'on aurait tort de les croire ma- gnanimes ; car il n'y a point d'honneur et de magna- nimité sans une vertu parfaite. § 17. Les méchants, quand ils ont tous les biens de ce genre, deviennent orgueilleux et insolents; car sans la vertu, il n'est pas facile de soutenir la prospérité avec la modération conve- nable. Incapable de la supporter sagement et se croyant fort supérieur aux autres , on les méprise et l'on se permet tous les caprices que le hasard inspire. On pa- rodie le magnanime sans avoir la moindre ressemblance ; on l'imite dans ce qu'on peut ; et comme on ne se con- duit pas selon la vertu, on en arrive à dédaigner folle- ment et sans raison la conduite d' autrui. § 18. Mais le dédain que ressent le magnanime est toujours jus- tifié , parce qu'il juge la vérité des choses , tandis que le vulgaire ne juge jamais qu'au hasard.
§ 19. Le magnanime n'aime pas à braver les petits
��Et que s'ils ont le cœiir bien placé, plus sîires que puisse subir l'âme
ils tiennent à justifier la considéra- humaine. Tl est peu de cœurs qui
tion qu'on leur accorde, même avant sachent la bien supporter ; mais
qu'ils l'aient méritée. ceux qui résistent à celle-là peuvent
§ 16. L'Iiomme de bien est seul affronter sans crainte toutes les
digne d'estime. Voilà comment le autres.
magnanime doit avant tout être plein § 18. Parce qu'il juge la vérité
de vertu. des choses. Et qu'il y en a très-peu
^ 17. Les méchants... L'épreuve qui méritent l'estime et les soins d'une
de la fortune est en effet une des grande âme.
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