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9/i MORALE A NICOMAQCE.

mettrait-il des actions lioiiteuses, lui aux yeux de qui rien n'est grand ? Si l'on y regarde de près , on verra que pour tous les cas, il n'y aurait qu'un profond ridi- cule dans la magnanimité , si elle n'était pas accompa- gnée de la vertu. On ne serait pas non plus digne d'honneur, si l'on était vicieux ; car l'honneur est le prix de la vertu; et il n'est dû qu'aux cœurs vertueux.

g 12. Ainsi, la magnamité peut sembler comme la pa- rure de toutes les autres vertus. Elle les accroît; et ne peut jamais exister sans elles; et ce qui fait qu'il est si difficile d'être en toute sincérité magnanime, c'est qu'oi! ne peut l'être sans une vertu complète.

g 13. Mais je le répète : quoique le magnanime se préoccupe surtout de ce qui peut attirer l'honneur et la honte, il ne jouira que très - modérément des honneurs les plus grands, et de ceux même que décernent les gens de bien. Il les regardera comme une propriété qui lui appartient , ou bien même il les trouvera parfois au- dessous de lui; car il n'y a pas d'honneurs suffisants pour récompenser jamais une parfaite vertu. Cependant il les acceptera, puisque, après tout, les gens de bien ne sauraient lui décerner rien de plus grand. Mais le magna- nime dédaignera profondément l'honneur qui vient du vulgaire et qui s'attache aux petites choses ; car ce n'est pas ce dont il est digne. Il aura le même dédain pour

��contre. Il n'y a pas de magnanimité § 13. IL ne jouira que très-modé-

véritable sans vertu ; ou autrement, rémeut. Parce qu'il est toujours

elle ne serait qu'une hypocrisie. trf-s-au-flessus des honneurs qu'on

5 12. Comme la -parure de toutes lui rend ; quelque grands qu'ils

les autrex vertus. Image pleine de soient, sa vertu mérite toujours da-

délicatesse et de vérité, vantage.

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