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ces excès, parce qu'il a été abandonné sans direction et sans maître ; si l'on se fût occupé de lui avec quelque soin , il aurait pu revenir au jaste milieu et au bien.

§ 34. Loin de là, l'avarice est incurable. C'est la vieil- lesse, à ce qu'il «iemble, et la faiblesse sous toutes les formes, qui font les avares. L'avarice est, du reste, plus na- turelle à l'homme que la prodigalité ; car, pour la plupart, nous aimons à garder notre bien , plutôt qu'à le donner. g 35. Ce vice peut prendre une intensité extrême, et re- vêtir les apparences les plus diverses. Ce qui fait qu'il y a tant de nuances dans l'avarice, c'est que, comme elle con- siste en deux éléments principaux, défaut à donner, excès à recevoir, elle n'est pas dans tous les individus également complète; parfois, elle se divise, les uns montrant davan- tage de l'excès à recevoir, et les autres, du défaut à donner. § 36. Ainsi, tous les gens qu'on flétrit par ces dénomina- tions de chiches, rogneux , pingres , pèchent tous par dé- faut à donner; mais cependant, ils ne désirent point, ni ne voudraient prendre le bien d' autrui. Chez quelques-uns, c'est une sorte d'honnêteté et de pnidence qui reculent devant la honte ; car il y a des gens qui paraissent, ou qui du moins prétendent , ne montrer cette parcimonie , que pour n'être jamais réduits à faire qaekpie bassesse. C'est

��tote s'adoucit pour le prodigue, qui § 35. Une intensilé extrême. On

lui semble être surtout la victime sait assez tous les exemples affreux

d'une mauvaise éducation. qu'il est possible de citer. — Par-

$ 3i. La vieillesse. Observation fois elle se divise. Explication ingé-

qu'on peut toujours vérifier. — Plus nieuse des nuances, si diverses en

naturelle à l'homme que la prodiga- effet, que présente l'avarice. lilê. Et par conséquent, elle est plus §36. Chiches, rogneux, pingres.

fréquente. J'ai dû prendre ces mots assez vul-

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