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74 MORALE A NICOMAQUE.

irès-beaii, mais imiqueiuent, parce que c'est chose abso- lument nécessaire pour avoir la possibilité de donner. Vussi, ne négligera-t-il passa fortune personnelle, puisque c'est là qu'il doit trouver le moyen d'aider les autres dans l'occasion. Il ne la prodiguera pas non plus au premier \enu, afin d'avoir à donner à qui il faut, quand il faut, et tout ce qu'il faut, pour satisfaire à l'honneur, § 18. Il est aussi très-digne d'un cœur libéral de donner beaucoup, et même à l'excès, de façon à ne garder que la moindre [)art pour soi-même ; c'est bien le fait d'une âme géné- reuse de ne pas regarder à soi. g 19. Du reste, la libéra- lité doit s'apprécier toujours selon la fortune. La vraie libéralité consiste, non pas dans la valeur de ce qui est donné, mais dans la position de celui qui donne ; elle offre ses dons suivant sa richesse; et rien ne s'oppose à ce que celui qui donne moins, soit en réalité plus généreux , s'il prélève ses dons sur une moindre fortune.

§ "10. On se montre en général plus généreux, quand on n'a point acquis sh fortune soi-même et qu'on l'a reçue des autres par héritage ; car alors on n'a jamais connu le besoin ; et chacun tient toujours bien davantage à ce qu'il a produit lui-même, comme on le voit assez par

��nst vrai ; mais ce trait appartient bien qu'on dépense alors pour le-;

peut-être plutôt encore au magnanime autres, et non point pour soi-même,

(ju'au libéral. § 19. Doit s'apprécier toujours se-

$ 17. Ne négligera-t-il pas. Aris- Ion la fortune. Condition essentielle

lote ne dit pas qu'il soignera sa for- pour bien juger de la moralité de i'a-

tune ; il dit seulement qu'il ne la né- gent.

i;ligera pas. s 23. On se montre en général

«5 18. £t mCmc à l'excès. C'est ;j/ms jfe'rtcVfMjr. Toute celte pensée est

peut-être, en ce cas, delà prodigalité, empruntée îi Platon, Pépubliqnc,

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