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LIVRE m, CH. VI, ^ 13. 31

hommes des caractères qui correspondent à ces actes, et l'on peut voir évidemment par l'exemple de tous ceux qui s'appliquent à quelque exercice ou à une action quel- conque, qu'ils arrivent à pouvoir s'y appliquer constam- ment. § 11. Ne pas savoir qu'en tout genre les habitudes et les qualités s'acquièrent par la continuité des actes, c'est l'erreur grossière d'un homme qui ne sent absolu- ment rien.

§ 12. Il n'est pas moins déraisonnable de prétendre que celui qui fait le mal n'a pas la volonté de devenir méchant ; et que celui qui se livre à la débauche n'a pas l'intention de devenir débauché. Quand on fait, sans pou- voir arguer de son ignorance, des actes qui doivent rendre méchant, c'est bien volontairement qu'on devient mé- chant. § 13. Bien plus, quand une fois on est vicieux, il ne suffira pas de le vouloir pour cesser de l'être et pour devenir vertueux, pas plus que le malade ne pourra re- couvrer instantanément la santé par un simple désir. C'est de son plein gré, il est vrai, qu'il s'est rendu malade en menant une vie d'excès et en refusant d'écouter les avis des médecins, et il y eut un temps où il lui était possible de n'être pas malade ; mais dès qu'il s'est avancé dans cette voie, il ne lui est plus permis de ne point l'être.

��de compte des circonstances, et par § 12. Il n'est pas moins déraison-

exemple de Fédiication et de l'exem- tiable. C'est Platon que combat

pie, qui ont tant d'influence sur nous, encore Aristote; et il semble avoir

§ 11. Ne pas savoir. Aristote dans raison contre lui, bien que le prin-

lout le cours de son ouvrage atta- cipe platonicien puisse être interprété

chera la plus grande importance aux en un sens plus favorable,

habitudes morales, et il fera de l'ha- § 13. Il ne suffira pas de vouloir.

bitude l'une des conditions essen- Observation profonde, et que rend

tielles de la vertu. plus évidente encore la comparaison

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