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26 MORALK A NICOMAQUE.

que les objets de notre volonté n'existent point dans la nature , et qu'ils sont uniquement le résultat de l'opi- nion que s'en fait chacun de nous. Mais cette opinion varie avec les individus ; et , s'il en était ainsi , les choses les plus contraires pourraient nous faire tour à tour l'illusion du bien.

g à. Connue ces deux solutions ne sont pas très-sa- lisfaisantes , il faut dire que, d'une manière absolue et selon la vérité, le bien est l'objet de la volonté; mais ([ue pour chacun en particulier, c'est le bien tel qu'il lui apparaît. Ainsi, pour l'homme vertueux et honnête, c'est le bien véritable; pour le méchant, c'est au ha- sard ce qui se présente à lui. Il en est en ceci de même que pour les corps : quand ils sont bien portants, les choses réellement saines sont saines pour eux; mais, c'en sont d'autres pour les corps qui souffrent de la ma- ladie ; et ce qu'on dit ici pourrait se dire également des choses amères, douces, chaudes, lourdes, et de toutes les autres, chacune en particulier. De même, l'homme vertueux sait toujoiu's juger les choses comme il faut

��§ 3. N'existent point ilans la na- § 4. Le bien est le principe de la

itire. La conséquence n'est point volonté. Admirable principe qu'Aris-

rigoureuse. Ce qui est vrai, c'est tote emprunte à Platon, et qui con-

(ju'en faisant le mal, l'homme s'est serve à la nature humaine toute sa

trompé puis qu'il voulait faire le dignité et sa grandeur. — l'homme

bien, — Varie avec les individus, vertueux et honnête. Il faudrait

Ceci est vrai dans une certaine me- ajouter : « et éclairé. » — Les

sure ; mais il y a des principes coni- choses réellement saines. C'est le

muns sur lesquels tombent d'accord pro^e^be ([u'on a formulé plus tard

lous les êtres raisonnables. — L'illu- ainsi : puris omnia pur a. — De

sion du bien. Celaient les consé- même l'homme vertueux, et éclairé,

séquences extrêmes que les Sophistes Dans la pensée d'Aristote, ce com-

t iraient en effet de leurs doctrines. plément est sous-entendu.

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