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LIVRE 111, CH. II, § 5. 9

que ce soit sous celte forme que se produise ordinairemeut le blâme ; mais c’est l’ignorance particulière, spéciale pour les choses, et dans les choses auxquelles s’applique l’action dont il s’agit. C’est aussi dans ces limites qu’il y a place, soit pour la pitié, soit pour le pardon ; car celui qui fait quelqu’une de ces choses coupables, sans savoir qu’il les fait, agit involontairement.

§ II. Il ne serait peut-être pas sans utilité de déterminer précisément pour les actions de ce genre leur nature et leur nombre, et de rechercher quelle est la personne qui les commet, ce qu’elle fait en les commettant, dans quel but et dans quel moment il lui est arrivé de les commettre. Parfois, il faut se demander aussi avec quoi l’on agit dans ces cas; et par exemple, si c’est avec un instrument; pour quelle cause, et par exemple, si c’est pour se sauver de quelque danger ; enfin de quelle manière, et par exemple, si c’est avec douceur ou avec violence. § 5. Ce sont là des circonstances où personne, à moins de folie, ne peut jamais prétexter d’ignorance, parce que évidemment on ne peut pas ignorer quelle est la personne qui agit. Car comment s’ignorer, dit-on, soi-même? Mais on peut fort bien ignorer ce qu’on fait. Par exemple, on peut dire qu’en parlant, un mot est échappé ; on peut dire encore qu’on ne savait pas qu’il fût défendu de parler des choses dont on parlait : témoin l’indiscrétion d’Eschyle sur les mystères. On peut




tique de la morale péripatéticienne.

§ 4. Il ne serait peut-être pas non plus sans utilité. Ce sont là considérations qui ont en effet le plus grand poids devant les tribuns. Le jugement serait inique s’il n’en tenait pas compte. En morale, ces détails ne sont pas plus inutiles; mais il ne faudrait pas les pousser plus loin.

§ 5. L’indiscrétion d’Eschyle. Il parait qu’Eschyle avait révélé cer-