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LIVRE 111, CH. 1, g 11. 5

maux on doit supporter de préférence à l'autre. Souvent il est plus difficile encore de s'en tenir fermement au parti qu'on a dû préférer ; car la plupart du temps, les choses qu'on prévoit sont bien pénibles et bien tristes ; et celles que la contrainte nous impose sont bien honteuses. C'est là ce qui fait qu'on peut louer ou blâmer les gens, selon qu'ils résistent ou qu'ils cèdent à la nécessité.

§ 10. Quels sont donc les actes qu'on doit déclarer in- volontaires et forcés ? Doit-on dire d'une manière absolue qu'un acte est toujours forcé quand la cause est dans les choses du dehors, et quand celui qui agit n'y contribue en rien? Ou bien, doit-on dire que des choses, involontaires en soi, et que pour l'instant on subit de préférence à d'autres, leur principe résidant toujours dans l'être q«ui agit, sont bien involontaires en soi, si l'on veut, mais qu'elles deviennent, dans le cas donné, volontaires, puis- qu'on les choisit à la place de certaines autres? En fait, les actions de cette espèce ressemblent davantage à des actes libres. Nos actions sont toujours relatives à des cas particuliers ; et les cas particuliers ne dépendent que de notre volonté. Mais il reste toujours très-difficile d'indiquer le choix qu'on doit faire, au milieu de ces innombrables nuances que présentent les circonstances particulières.

g 11. On ne peut pas soutenir d'ailleurs que le plaisir

��et une fois qu'on a compris le devoir, § 10. Ressemblent davantage à des

on est assez près de le remplir — Il actes libres. C'est ce qu'Aristote a

est })lus difficile encore. La persévé- déjà dit un peu plus haut,

rance dans l'héroïsme exige en effet ^11 On ne peut pas soutenir

plus de vertu encore que l'acte hé- d'ailleurs. Ce serait nier complète-

roïque lui-même, qui le plus souvent ment la4»liberté dans l'homme. —

ne dure que peu de temps. Que fjrdce à ces deux mobiles. Sous

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