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LIVRE II, CH. IX, ^ 7. 105

émotions de plaisir ou de peine que nous ressentirons. § 5. Il faudra nous faire pencher nous mômes en sens contraire ; car en nous éloignant de toutes nos forces de la faute que nous redoutons, nous nous arrêtons dans le mi- lieu, à peu près comme on fait quand on cherche à redresser un morceau de bois tortu. § 6. Un danger dont il faut toujours se garder avec la plus grande attention, c'est ce qui nous plaît, c'est le plaisir; car nous ne sommes jamais dans ce cas des juges bien incorruptibles ; et les sentiments qu'éprouvaient les vieillards de Troie en présence d'Hélène, doivent être aussi les nôtres en face du plaisir. Sachons en toutes circonstances nous répéter leur langage ; car si nous parvenons à repousser le plaisir, nous sommes assurés de commettre bien moins de faux pas.

§ 7. Pour résumer notre pensée en quelques mots, nous dirons que c'est surtout par cette conduite que nous réussirons à trouver le vrai milieu. Certes c'est un point difficile, et il l'est surtout dans la pratique ordinaire des choses; par exemple, c'est une œuvre qui n'est pas aisée que de déterminer avec précision à l'avance , comment, contre qui, pour quels motifs, pour combien de temps, il convient de se mettre en colère ;■ car tantôt nous devons

��tion. — Les émotions Je ptaisir ou parfaitement en parlant du plaisir. de peine. Le critérium est en effet des §7. C'est surtout par cette con- clus sûrs ; et ces conseils, s'ils sont duite. Tout ceci est plein d'une pro- difTiciles à suivre, n'en sont pas moins fonde sagesse ; Aristote d'ailleurs ne sages. fait que répéter les leçons de son § 6. Les vieillards de Troie. Voir maître, et Platon, avant lui, avait dit l'Iliade, chant III, v. 155 et sui- à peu près tout ce qu'on peut dire vants. Comparaison gracieuse qui sied sur les dangers du plaisir. — C'est

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