THÉORIE DE LA VERTU.
CHAPITRE PREMIER.
De la distinction des vertus en vertus intellectuelles et vertus morales. La vertu ne se forme que par l’habitude ; la nature ne nous donne que des dispositions, que nous convertissons en qualités précises et déterminées par l’emploi que nous en faisons. C’est en faisant qu’on apprend à bien faire. — Importance souveraine des habitudes ; il faut en contracter de bonnes dès la plus tendre enfance.
§ 1. La vertu étant de deux espèces, l’une intellectuelle et l’autre morale, la vertu intellectuelle résulte presque toujours d’un enseignement auquel elle doit son origine et ses développements ; et de là vient qu’elle a besoin d’expérience et de temps. Quant à la vertu morale, elle naît plus particulièrement de l’habitude et des mœurs ; et c’est du mot même de mœurs que, par un léger changement, elle a reçu le nom de morale qu’elle
Ch. I. Gr. Morale, livre I, ch. 6 ;
En grec le rapprochement est plus
et Morale à Eudème, livre II, ch. 1.
frappant; le mot qui signifie l’habi-
§ \. D’un enseignement, qu’on re-
tude et le mot qui signifie la morale,
çoit d’autrui ou qu’on se donne à soi-
sont à peu près identiques ; et la seule
même. — Par un léger changement,
différence qu’il y ait enlr’eux, c’est