LIVRE I, CH. X, S 7. 55
nous admirons le bonheur et la félicité des dieux, de même que nous admirons le bonheur de ces hommes qui, parmi nous, se rapprochent le plus de la divinité. Nous en faisons autant à l'égard des biens, et personne ne songe à louer le bonheur comme on loue la justice; on l'admire comme quelque chose de plus divin et de meilleur.
g 5. C'est là ce qu'Eudoxe a très-bien fait valoir pour justifier la préférence qu'il accordait au plaisir. D'après cette observation qu'on ne loue pas le plaisir, quoique le plaisir soit un bien, Eudoxe croyait pouvoir conclure que le plaisir est au-dessus de ces choses qu'on peut louer, comme y sont par exemple Dieu et la perfection, les deux fins supérieures auxquelles se rapporte tout le reste. ^ 6. Mais la louange peut s'appliquer à la vertu ; car c'est la vertu qui apprend aux hommes à faire le bien ; et nos éloges publics peuvent s'adresser également et aux actes de l'âme et aux actes du corps, g 7. Du reste, la discus- sion précise de ce sujet regarde peut-être plus spéciale-
��— 5e rapprochent le plus de la vrai qu'on ne loue pas le plaisir :
divinité. Expression assez singulière mais ce n'est pas parce qu'il est au-
dans la bouche d'un philosophe. — dessus de la louange, c'est au
On l'admire, sans doute quelque- contraire parce qu'il est au-dessous
fois; mais quelquefois aussi on le le plus ordinairement. Voir aussi
loue, s'il est le résultat d'une habi- Diogène Laërce, liv. VIII, ch. 8, p.
leté honnête, comme on le blâme si 225, édit. Didot.
le succès est dû à un crime. § 6. Les éloges publics. On ne
§ 5. Eudoxe. Voir plus loin liv. X, voit pas bien pourquoi Aristote dis-
ch. 2, § 1. L'opinion d'Eudoxe y est tingue entre les louanges et les
discutée assez longuement ; et Aris- éloges. Les louanges, tout indi-
tote y donne même quelques détails viduelles qu'elles sont , peuvent
sur ce philosophe. La théorie qu'il s'adresser aussi aux actes de l'ûme
lui prête ici est fort ingénieuse, et aux actes du corps, tout aussi bien
quoiqu'au fond elle soit fausse. Il est que les éloges.
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