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XXXII PRÉFACE

la vie présente. Ce ne sont pas )à des hypothèses gratuites; ce ne sont pas même des postulats de la raison pratique, comme dirait Kant en son bizarre lan- gage. Mais ce sont des conséquences aussi certaines que les laits incontestables d'où la raison les tire. On peut même ajouter que ces théories sont en parfait accord avec les croyances instinctives du genre humain, et que les religions les plus éclairées les sanctionnent, en même temps que la philosophie les démontre.

Arrivée là, la science morale a épuisé la meilleure part de son domaine ; elle a rempli sa tâche presque entière. 11 ne lui reste plus qu'à montrer comment l'homme, soumis à une loi si sainte et si douce, la viole cependant, et à expliquer d'où vient en lui cette lutte, où il est si souvent vaincu, et cette révolte qui le perd. La raison voit et comprend le bien ; la liberté lait souvent le mal. Comment cette chute est-elle possible? La cause en est assez manifeste, et l'homme n'a pas besoin de s'étudier bien longtemps pour la découvrir. C'est de son corps, de ses pas- sions et de ses besoins diversiûés à l'inlini, que lui viennent ces assauts d'où il sort si rarement victo- rieux ; c'est d'un principe coiitraire à celui de son âme que lui viennent ces combats, terminés le plus

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