Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée

PRÉFACE. XXV u

nous croyons en découvrir dans les animaux les mieux organisés, ne sont que des illusions. Nous leur prêtons alors ce que nous sommes ; nous leur suppo- sons notre nature, soit par une ignorance qui peut être coupable quand elle tend à nous rabaisser à leur niveau, soit même par une sorte de sympathie assez puérile. Mais au vrai, il n'y a de loi morale que daiis le cœur de Tliomme ; et celui qui a créé les mondes avec les lois éternelles qui les régissent, n'a rien fait d'aussi grand que noire conscience. La liberté, même avec toutes ses faiblesses, vaut mieux que la nature avec son immuable constance; et pour une intelligence qui se comprend elle-même, la compa- raison n'est pas même possible, parce qu'elle est absurde, et que la supériorité du monde moral est absolument incommensurable. La puissance de Dieu se manifeste donc au dedans de nous, bien plus vive- ment qu'au dehors; et prouver i'ex.isleuce de Dieu par cette loi que nous portons dans nos cœurs et que confesse notre raison, c'est en donner une des preuves les plus frappantes et ies plus délicates.

Mais la mansuétude de Dieu égale au moins sa puissance. Dans ces législations imparfaites que les hommes sont obligés de faire à leur usage, il y a tou- jours dans leurs injonctions et dans leurs ciiàtinîcnls

�� �