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XXIV PRÉFICE.

moins fort. Elle parle a tous les hommes le même langage, quoique tous ne l'entendent pas égale- ment. Il suit de là que la loi morale n'est pas uni- quement la règle de l'individu ; c'est elle encore qui lait à elle seule les véritables liens qui l'asso- cient à ses semblables. Si les besoins rapprochent les hommes, les intérêts les séparent, quand ils ne les arment pas les uns contre les autres ; et la société qui ne s'appuierait que sur des besoins et des intérêts, serait bientôt détruite. Les aireclions même de la famille qui sufliraient à la commencer, ne suffiraient point à la maintenir. Sans la communion morale , la société humaine serait impossible. Peut-être les hommes vivraient-ils en troupes comme quelques autres espèces d'animaux ; mais ils ne pourraient jamaisavoir entr'eux ces rapports et ces liens durables qui forment les peuples et les nations, avec les gou- vernements plus ou moins parfaits qu'ils se donnent et qui subsistent des siècles. C'est parce que l'homme sc:it, ou se dit, que les autres hommes comprennent aussi la loi morale, à laquelle il est soumis lui-même, qu'il peut traiter avec eux. Si des deux parts ou ne la comprenait pas, il n'y aurait point de liaisons ni de contrats possibles. De là cette sympathie ins- tinctive qui rassemble les hommes, et donne tant

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