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(ccxxx DISSERTATION

encore bien moins être enlevé de la Morale à Nicomaque. La théorie des vertus intellectuelles n'y peut manquer; et à moins des témoignages les plus formels qui attesteraient le contraire, on doit admettre qu'elle est une partie abso- lument indispensable du plan primitif. Pour le septième livre, qui renferme la théorie de l'intempérance, et la première discussion sur le plaisir, il faut, tout en y reconnaissant quelque désordre, et quelques contradictions avec le dixième livre, n'y voir que ces hésitations et ces redites trop habituelles dans les ouvrages d'Aristote, tels qu'ils les a laissés et qu'ils sont parvenus jusqu'à nous, (les taches de composition qui sont très-réelles ne doivent pas trop nous surprendre; et sans aller en chercher d'autres exemples, la théorie de l'amitié dont personne ne saurait contester l'authenticité, et qui remplit les deux livres VIII et IX de la Morale à Nicomaque, ne se lie point par des liens fort étroits, ni à ce qui la précède, ni à ce qui la suit.

Malgré toutes ces imperfections que je n'entends pas nier, la Morale à Nicomaque ne me paraît pas seulement un des plus précieux ouvrages d'Aristote; elle me semble, en outre, un des plus réguliers, et dans certaines parties un des plus achevés.

Quant à la Morale à Kudème, je n'ose point affirmer qu'elle soit d'Eudème, comme l'affirment les critiques allemands. Le caractère étrange de cette œuvre, qui vou- drait se donner pour originale à côté de celle d'Aristote qu'elle imite toujours, et qu'elle copie souvent, quand elle ne lui emprunte pas des livres entiers, me semble un premier motif de doute. Un second, c'est que je ne vois pas très-nettement le dessein secret qu'on a prétendu y

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