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8" \A (Grande Morale n'est ni d'Aristote, ni d'Eudème ; elle est d'une main et d'une époque inconnues.

li° Les trois ouvrages reproduisent exactement, sauf quelques nuances, la doctrine Morale d'Aristote ; et per- sonne ne propose d'en exclure un seul, même la Grande Morale, de la collection aristotélique.

J'avoue que ces solutions, malgré les autorités qui les appuient, ne me semblent pas toutes très-démontrées, et que j'ai la plus grande peine à les admettre, sans en avoir d'ailleurs de plus acceptables à y substituer.

Je ne puis pas comprendre comment un disciple d'Aris- tote, qu'on suppose le plus docile et le plus dévoué, a pu faire, en son nom personnel, un ouvrage du genre de celui qu'on appelle la Morale à Eudème. Je n'y vois aucune utilité; et malgré les mérites qu'on prétend y découvrir, je me demande encore quel en a pu être l'objet. On conçoit fort bien qu'un élève, même très- distingué, en rédigeant les leçons du maître, et tout en s'efforçant de rester un fidèle écho, y ajoute quelque chose, et de son style, et même de ses idées propres. Avec quelque sincérité qu'on veuille s'astreindre à repro- duire la pensée d' autrui, on ne peut pas se dépouiller entièrement de la sienne ; et on la laisse percer même sans le vouloir, ou plutôt, tout en ne le voulant pas. Si l'on nous donnait la Morale à Eudème pour une rédaction de ce genre, ainsi que paraît le supposer M. Ritter et même Schleiermacher i , on pourrait ne point repousser cette

(1 C'est ropinion que lui prête M. Bœckh dans son Pliilolaiis, p. 186. Selon lui, Schleiermacher aurait pris la Morale à Kudènie pour la rédaction d'un des auditeurs d'Aristote. Voir une note de M. Spcnjicl, p. ii3, des Mémoires de l'Académie des Sciencis de IMunicli, toni. 'ô.

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